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vient de parler, sont rayées en demi-cercle d’un jaune vif qui perce de part en part. Du trou qui occupe le centre de cette fleur, partent deux bandes purpurines, mêlées de blanc, lesquelles vont aboutir au demi-cercle jaunâtre des deux parties superieures ; et du même bord de ce trou naissent deux etamines blanchâtres, terminées par des sommets courbes remplis de poussiere jaune. Outre ces etamines on voit sur les bords du même trou des floccons purpurins, velus, cotoneux et soyeux. Le calice est un bassin vert-pâle, long de quatre lignes, découpé en cinq parties jusques vers le centre, dont il y en a trois beaucoup plus étroites que les autres. Le pistile, qui est tout au milieu, est arrondi, velu, long d’une ligne, terminé par un filet beaucoup plus long. Nous fûmes convaincus par les coques qui restoient des fruits de l’année précedente, que cette plante est une veritable espece d’Herbe aux Mites, qui varie non seulement par la hauteur de sa tige, mais encore par la couleur et par la grandeur de ses fleurs.

Tandis que nous nous amusions agréablement à observer des plantes, on nous menaçoit de passer le reste du mois d’Avril dans ce marais ; mais heureusement le vent du Nord cessa le 26. La mer en fut encore agitée pendant deux jours ; mais à force de rames et de cordes, nous sortîmes enfin de l’embouchûre de Riva le 28 d’Avril. Nôtre flote rangea la côte, et nous relachâmes à Kilia village à 30 milles de Riva. Les Turcs mirent pied à terre pour faire leurs prieres ; mais ensuite nous profitâmes du Sud-ouest pour aller jusqu’à la riviere d’Ava ou d’Ayala à 24 milles de Kilia. Tout ce pays, ou pour mieux dire, toutes les côtes de la mer Noire jusques à Trebisonde, sont admirables par leur verdure ; et la pluspart des futayes s’étendent si avant dans les terres, qu’on les