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Seigneur d’Heraclée, qui par ses brigues y fit recevoir le Roy du Pont et ses troupes.

Penderachi est une petite ville bâtie sur les ruines de l’ancienne ville d’Heraclée ; cette derniére devoit être une des plus belles villes d’Orient, s’il en faut juger par les ruines, et sur tout par les vieilles murailles bâties de gros quartiers de pierre qui sont encore sur le bord de la mer. Pour l’enceinte de la ville qui est fortifiée d’espace en espace par des tours quarrées, elle ne paroit être que du temps des Empereurs Grecs. On découvre de tous côtez des colomnes, des architraves et des inscriptions font maltraitées. On voit, auprés d’une mosquée, la porte de la maison d’un Turc, dont les montans sont des pieces de marbre sur lesquelles on lit d’un côté Ρ.Β.Α. ΤΡΑΙΑΝ et de l’autre ΤΟΚΡΑΤΩΡΙ qui sont les restes d’une inscription de l’Empereur Trajan. Cette ville étoit bâtie sur une côte élevée qui domine sur la mer, et qui semble être faite pour commander tout le pays. Du côté de terre il reste encore une ancienne porte toute simple, construite de grosses pieces de marbre. On nous assûra qu’il y avoit, encore plus loin, d’autres restes d’antiquité ; mais la nuit qui s’approchoit, et les tentes des femmes, qu’on avoit dressées proche de ces masures, ne nous permirent pas d’aller les reconnoître. Par un malheur même auquel nous ne nous attendions point, nous ne trouvâmes aucun guide : les Grecs celebroient leur Pasque, et vouloient profiter de l’argent qu’ils avoient donné au Cadi pour avoir la liberté de bien boire et de bien danser ce jour-là. Nous allâmes donc nous promener à l’aventure du côté du levant, jusques aux marais qui sont au dessous de la ville, où apparemment croupissent les eaux du Lycus.

Il ne nous fut pas possible de traverser ces marais, et en re-