Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/210

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secoüer le joug de la tyrannie, sous lequel ils avoient gémi pendant 75 ans, proposérent à Heraclite de se retirer avec ses richesses ; mais le tyran en fut si irrité, qu’il se mit en devoir de faire punir les principaux de la ville ; il ne fut pas néanmoins le plus fort, on le mit aux fers, on démolit les murailles de la citadelle jusques aux fondemens ; et aprés avoir envoyé une Ambassade à Seleucus, autre successeur d’Alexandre, on proclama Phocrite administrateur de la ville ; Seleucus ayant receû fort mal leurs Ambassadeurs, ils firent une ligue avec Mithridate Roy du Pont, avec les Bizantins, et avec ceux de Chalcedoine ; et ils receurent même tous les exilez de leur ville.

La Republique d’Heraclée se soutint avec honneur, jusqu’au temps que les Romains se rendirent formidables en Asie. Pour s’assûrer du Senat, cette Republique députa à Paul Emile et aux deux Scipions ; il ne tint pas même aux Heracliens qu’Antiochus ne fist sa paix avec les Romains. Enfin l’intelligence fut si bien établie entre Rome et Herclée, que ces deux villes firent entre elles une ligue offensive et deffensive, dont on écrivit les conditions sur des tables de cuivre à Rome dans le Temple de Jupiter Capitolin, et à Heraclée dans celui de ce même Dieu. Cependant Heraclée fut assiegée vigoureusement par Prusias Roy de Bithynie, qui l’auroit emportée sans un coup de pierre qui lui cassa la cuisse, ce qui l’obligea de se retirer dans le temps qu’il alloit monter à l’escalade. Aprés cela les Galates inquietérent fort cette ville, mais ils furent obligez de se retirer. Malgré son alliance avec les Romains, elle crut qu’il étoit de son interêt de garder la neutralité pendant la guerre que les Romains firent à Mithridate sos le commdanement de Murena. Epouvantée d’un côté de leur formidable puis-