Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/214

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rien pour bien entendre Strabon ; car Arrien comptant 90 stades, de la riviere Parthenius à Amastris ; 60 stades d’Amastris à Erythine, autant de là à Cromna, et de Cromna à Cytore, où il y avoit un Port, 90 stades ; on ne peut conclure autre chose, si ce n’est que la Reine Amastris pour peuple sa nouvelle ville y fit venir des habitans de tous ces villages. Memnon d’ailleurs le déclare en termes exprés, et assûre que ce changement arriva aprés la retraite d’Amastris, indignée de ce que Lysimachus son mari venoit d’épouser Arsinoë à Sardes. Or puisque, selon Strabon, la citadelle qui s’appelloit auparavant Sesame, prit le nom d’Amastris, il est hors de doute que l’ancienne ville de Sesame, dont a fait mention Estienne de Byzance, où il dit que Phinée fixa sa premiere demeure, étoit située où est presentement Amastro. Pline convient qu’autrefois Amastris s’appelloit Sesame, et que le mont Cytore si fameux par ses boüis, dont toutes les côtes de la mer Noire sont couvertes, étoit éloignée de Tios de 63 milles. Cytore fut un Port dépendant de Sinope, mais Amastris suivit la fortune d’Heraclée. La situation d’Amastris est avantageuse, car elle se trouve sur l’Isthme d’une presqu’isle, dont les deux échancrures forment autant de Ports ; du temps d’Arrien il y en avoit un fort bon pour les vaisseaux de guerre, tous les deux sont remplis de sable aujourd’hui. Cet auteur traite Amastris de ville grecque, à cause que sa fondatrice, quoique Persienne, étoit Reine d’Heraclée, et qu’elle avoit commencé par une colonie de Grecs. La bonté des Ports d’Amastris avoit donné lieu au Senat et au peuple de cette ville de faire frapper quelques Médailles : on en trouve aux testes de Nerva, de M. Aurele, de la jeune Faustine, de Lucius Verus, dont les revers répresentent une fortune debout, laquelle tient de la main droi-