Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/286

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tiere. La côte se termine par une semblable feüille. Le haut des piquants soutient une ou deux fleurs légumineuses, purpurines, rayées, avec un étendart velu, relevé, long d’environ 9 lignes sur trois lignes de largeur, échancré et même denté. Les aîles et la feüille inferieure sont plus pâles et plus petites. Le pistile devient un fruit semblable à celui de nôtre Sainfoin, mais il est lisse, et nous ne l’avons pas veû dans sa maturité. Le calice est rougeatre, long de deux lignes, découpé en 5 pointes. Les feüilles sont d’un goût d’herbe un peu aigrelet.

Nous fûmes donc obligez de quitter Baibout le 11 Juin. On nous assûra que le Pacha avoit fait grace à tous les prisonniers. Plusieurs de nos Caravaniers loüoient sa clemence ; quelques-autres le blâmoient de n’avoir pas fait d’exemple. On fit passer en reveuë ces scelerats, dont la pluspart avoient au moins merité la roüe, à en juger par leur mauvaise mine. Nous imposâmes ce jour-là le nom à une des plus belles plantes que le Levant produise ; et parce que Mr Gundelscheimer le découvrit le premier, on convint que par reconnoissance elle devoit porter son nom. Malheureusement nous n’avions que de l’eau pour celebrer la feste, mais cela convenoit mieux à la ceremonie, puisque la plante ne vient que dans des lieux secs et pierreux. La musique du Pacha ne s’éveilla que dans ce temps-là, ce que nous prîmes pour un bon augure ; cependant nous eûmes beaucoup de peine à trouver un nom latin qui répondît à celui de ce galant homme. Il fut enfin conclu que la Plante s’appelleroit Gundelia.

La tige de cette plante est haute d’un pied, épaisse de cinq ou six lignes, lisse, vert-gai, rougeâtre en quelques endroits, dure, ferme, branchuë, accompagnée de feüilles assez semblables à celles de l’Acanthe épineuse, dé-