Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait perir. Toute la plante rend du lait fort doux, lequel se grumele en grains de mastic comme celui de la Carline de Columna. La Gundelia varie, il y en a des pieds à testes veluës et à fleurs rouge-brun.

On partit ce jour-là sur les huit heures du matin, nous passâmes par des vallées étroites, incultes, sans bois, et qui n’inspiroient que de la tristesse. On campa sur le midi, et nous n’eûmes d’autre plaisir que celui de déterminer encore un nouveau genre de plante lequel fut nommé Vesicaria, à cause de son fruit. C’est une vessie longue d’un pouce et presque aussi large, membraneuse, vert-pâle, traversée dans sa longueur par quatre cordons tirans sur le purpurin, qui par leur réunion viennent former une petite pointe au bout de la vessie, et qui distribuent en passant des vaisseaux entrelassez en maniére de raizeau. Ce fruit renferme quelques graines ovales, longues d’environ une ligne et demi, attachées chacune par un cordon tres mince qui part du gros cordon purpurin. La pluspart de ces graines étoient encore vertes ou avortées. Ce fruit n’est autre chose que le pistile de la fleur gonflée en vessie. Les fleurs sont à quatre feüilles jaunes disposées en bouquet, soutenu par une tige sans branches. Toute la plante n’a qu’environ 4 pouces de haut, sans compter la racine qui a deux pouces de long, roussâtre, épaisse de trois ou quatre lignes au collet, divisée en quelques fibres peu cheveluës. Elle pousse plusieurs testes garnies de feüilles disposées en rond, souvent rabatuës en bas, longues de 9 ou 10 lignes, larges ordinairement d’une ligne, vert-gai, dentées proprement sur les bords à peu prés comme celles de la Corne de Cerf. Celles qui sont le long des tiges n’ont qu’environ 3 ou 4 lignes de long sur deux lignes de large, et sont presque sans denture. Elles diminüent jusques au haut de la tige, laquelle est toute simple