Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/356

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rement velu, la levre superieure en est obtuse, échancrée. L’inferieure est fenduë plus profondément en deux pieces. Chaque fleur est attachée à un pedicule long de demi pouce et fort délié. Le pistile qui est un bouton un peu ovale, n’a qu’une ligne de long, presque quarré à coins arrondis, vert-pâle, membraneux, épais d’environ deux lignes et demi, partagé dans sa longueur en deux loges lesquelles s’ouvrent par les côtez et renferment des graines longues d’une ligne et demi ou deux, épaisses d’une ligne, canelées dans leur longueur, et de la forme d’un petit rein.

Le 16 Juillet nous partîmes à quatre heures du matin et campâmes sur les huit heures dans une belle et grande prairie où nos tentes furent dressées pour la premiere fois sur les terres du Roy de Perse. Nous n’avions couché qu’à une heure seulement de la frontiere, laquelle se prend au haut d’une colline à la descente de laquelle commence la Georgie Persienne, ou le pays que les Persans appellent le Gurgistan, c’est à dire la Terre des Georgiens, car Tan est un ancien mot Celte qui signifie un pays, et ce mot s’est conservé par tout l’Orient, où l’on dit le Curdistan, l’Indostan, etc. pour exprimer la Terre des Curdes, celle des Indiens, etc. Nous découvrîmes d’abord plusieurs villages assez considérables ; mais toute cette belle campagne ne produit pas un seul arbre, et l’on est obligé de bruler de la bouze de vache. Les bœufs y sont tres frequens, et on les y éleve autant pour cet usage, que pour en manger la chair. On en attele jusques à 14 ou 15 paires à une charruë pour labourer la terre. Chaque paire a son homme qui la conduit, monté comme un postillon ; tous ces postillons qui crient à chaque pas comme les matelots qui font une manœuvre, forment ensemble un charivari épouvantable. Nous êtions faits à ce mané-