Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/374

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re ; mais ils souffrent impatiemment, en ce dernier cas, d’être obligez de s’accommoder au goût de la Cour.

Teflis est une ville assez grande et bien peuplée, les maisons sont basses, mal éclairées, et bâties ordinairement de boüe et de briques ; c’est encore bien pis dans le reste de la Province où elles ne répondent plus à la peinture que Strabon en a faite. La plus grande partie de l’Iberie, dit-il, est bien habitée : on y voit de gros bourgs et des maisons couvertes de briques ; l’architecture en est bien entenduë, de même que celle des Edifices publics et des Places. Aujourd’huy les murailles de Teflis ne sont gueres plus hautes que celles de nos Jardins, et les ruës sont mal pavées. La Citadelle est au haut de la ville dans une belle situation, mais l’enceinte qui en est presque ruinée, n’est deffendue que par de mauvaises Tours. Toute la garnison consiste en quelques malheureux artisans Mahometans qui sont payez pour en faire la garde. Ils y logent avec leurs familles, et ils ne scavent gueres manier les armes. Ce lieu sert d’asile à des malheureux chargez de dettes, ou poursuivis pour crimes. La Place d’armes qui est au-devant, est belle, spacieuse, et sert de marché, on y vend les meilleures denrées du pays. Quand on vient d’Hispaham à Teflis, il faut entrer par la Citadelle ; ainsi le Prince de Georgie qui, suivant la coûtume de Perse, doit aller recevoir les presens et les ordres du Roy hors de la ville, se trouve obligé de passer au havre de cette Citadelle où le Gouverneur pourroit l’arrêter aisément s’il en avoit receu l’ordre.

La ville s’étend du Midi au Nord. La Citadelle est au milieu. On en pourroit faire une Place considérable, car la côte de la montagne sur laquelle elle est située, est fort escarpée, et le fleuve Kur qui passe tout au long n’est pas guéable. L’enceinte de la ville regne