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pece de Lepidium à feüilles de Cresson frisé, qui croît dans les champs entre le Monastere et la riviere d’Aras.

La racine pique en fond, longue d’un pied, grosse comme le petit doit, dure, ligneuse, blanche, peu cheveluë, et produit une tige haute de deux ou trois pieds, assez branchuë, vert-gai, accompagnée en bas de feüilles longues de quatre pouces, sur deux pouces de large, tout-a-fait semblables à celles du Cresson frizé, un peu plus charnuës, lisses des deux côtez, vert-gai, découpées en grosses pieces jusques à la côte, laquelle commence par une queüe assez longue. La derniere piece est plus grande que les autres, arrondie et frizée de mesme que celles qui sont sur le reste de la queüe, lesquelles sont quelquefois incisées plus profondément. Les feüilles qui naissent le long des tiges sont encore découpées plus menu. De leurs aisselles naissent des branches assez étenduës sur les côtez, garnies de bouquets de feüilles dont la pluspart ne sont pas découpées, assez semblables à celles de l’Iberis commun. Les branches sont subdivisées en plusieurs brins tous chargez de fleurs blanches. Chaque fleur est à quatre feüilles longues d’une ligne et demie, arrondies à la pointe et fort pointuës à leur naissance. Le calice est à quatre feüilles aussi, le pistile qui est long de demi ligne coupé en fer de pique, devient un fruit de même forme, plat, et partagé en deux loges dans sa longueur. Chaque loge renferme une graine rousse, tirant sur le brun, longue de demi ligne, applatie. Toute la plante a le goût et l’acreté du Cresson Alenois.

Pendant nôtre séjour aux Trois Eglises, nous fîmes chercher, mais inutilement, des voituriers pour nous conduire au Mont Ararat. Personne ne voulut être de la partie ; les voituriers étrangers ne veulent pas, à ce qu’ils disent, s’aller perdre dans les neiges : ceux du pays étoient