Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/466

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On ne fit que quatre lieües le lendemain ; nous marchâmes toute la nuit au clair de la lune par des montagnes dont les défilez sont dangereux, et où fort peu de gens auroient pû facilement nous arrêter ; mais les tenebres favorisérent nôtre marche, tandis que les Curdes dormoient à leur aise. On se reposa le 26 jusques à neuf heures du matin, et l’on passa seulement sur une des plus hautes montagnes du pays couverte de Pins, de Peupliers noirs, et de Trembles. Comme nous apprehendions quelque embuscade, on détacha des Turcs pour aller reconnoître les passages, et ces batteurs d’estrade amenérent au Carachi-Bachi quatre paysans qui l’asseurérent que les voleurs étoient restez en arriere, et que nous leurs avions dérobé une grande marche. A cette nouvelle on campa sur les trois heures aprés midi tout prés d’une petite riviere où nous avions déja campé en allant à Cars, le long de laquelle nous trouvâmes une belle espece de Valeriane, dont les racines sont tout-a-fait semblables à celles de la grande Valeriane des Jardins, aussi grosses et aussi aromatiques. Les feüilles en sont plus étroites ; mais comme la grande Valeriane ne se trouve pas, que je sache, en campagne, je crois que ce n’est autre chose que celle-ci qui est cultivée dans les Jardins depuis quelques siécles.

Le 27 Aoust nous marchâmes prés de six heures, et nous retirâmes à Lavander village peu considérable. Le 28 aprés une route aussi longue, on arriva aux bains d’Assancalé bâtis assez proprement sur le bord de l’Araxe, à une petite journée d’Erzeron. Ils sont chauds et fort frequentez. L’Araxe qui tombe des montagnes où sont les sources de l’Euphrate, n’est pas considérable à Assancalé, dont la Plaine est plus fertile que celle d’Erzeron et produit de meilleur froment. Généralement parlant tous les bleds sont bas en Armenie, et la pluspart ne font que qua-