Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/471

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drupler, surtout auprés d’Erzeron ; mais aussi il y en a une si grande quantité, qu’elle supplée au reste. Si l’on n’avoit pas la commodité d’arroser les terres, elles seroient presque steriles.

Au milieu de la Plaine d’Assancalé s’éleve une roche horriblement escarpée, sur laquelle on a bâti la ville et une forteresse qui menace tous les environs, et où l’on apprehende plus la famine que le canon. Il n’y a pas plus de trois cens hommes de garnison, quoiqu’il en fallust plus de quinze cens pour la deffendre. Les murailles sont comme en limaçon tout autour de la roche, flanquées sur des tours quarrées, dont le canon en empécheroit les approches s’il étoit bien servi, car ces tours ne sont pas plus élevées que les murailels, et paroissent comme des plateformes. Les fossez n’ont gueres plus de deux toises de largeur, et encore moins de profondeur, creusez dans un roc tres dur. Si cette Place étoit sur la frontiere, on la rendroit imprenable à peu de frais. Les marchandises que l’on conduit d’Erzeron à Erivan par Assancalé, doivent demi piastre par charge, soit de cheval ou de chameau, quoique la difference des poids soit fort grande. Celles qui viennent d’Erivan à Erzeron ne payent que la moitié des droits. Nos Plantes seches ne payoient rien du tout ; les Turcs et les Persans ne font pas cas de cette marchandise, que nous estimions pourtant plus que la plus belle soye du Levant.

Le chemin d’Assancalé à Erzeron est fort beau. Nous le fîmes en six heures de temps, et nous courûmes le même jour embrasser Mr Prescot Consul de la nation Angloise, nôtre bon ami, qui avoit bien voulu être le dépositaire de nos hardes, de nôtre argent, et de nos Plantes seches. Nous allâmes le lendemain rendre nos respects au Beglierbey Cuperli nôtre protecteur, qui nous