Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/516

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veû que trois ou quatre cavaliers armez qui se retiroient dans les montagnes, ainsi nous passâmes le défilé sans dire mot et le plus promptement que nous pûmes. C’est dans cet endroit-là que l’Euphrate fait un coude considérable vers le Midi pour s’approcher de l’autre de ses branches, laquelle passe à Mammacoutum. Nous continuâmes nôtre route vers le Sud-Oüest, et fûmes obligez de camper à demi heure du défilé, presque à mi-côte d’une montagne assez rude, dans une solitude affreuse où l’on ne voit ni village ni Caravanserai ; on eut même assez de peine à trouver des bouzes de vaches pour faire boüillir la marmite.

Le 17 Septembre nôtre route fut courte, mais fort incommode ; on passa sur une montagne toute pelée, au pied de laquelle on entre dans une vallée bien cultivée, où nous campâmes aprés 4 heures de marche, auprés de Caraboulac village assez joli. Nous fûmes joints ce jour-là par une Caravane de Marchans de soye, aussi forte que la nôtre ; elle étoit partie d’Erzeron deux jours aprés nous, mais elle avoit fait plus de diligence, sur le bruit qui couroit qu’un Pacha Mansoul s’étoit mis à la tête des voleurs. Cette recruë nous fit plaisir et nous partîmes tous ensemble de Caraboulac sur les 5 heures du matin pour venir à Acpounar autre village où nous arrivâmes à une heure aprés midi. La route seroit assez commode, n’étoit qu’il faut passer par une montagne fort élevée et toute découverte.

Le 18 Septembre on partit à 4 heures du matin pour n’aller pourtant pas bien loin, car nous campâmes sur les 8 heures et trois quarts auprés d’un ruisseau qui coule vers l’Oüest. Il est vrai que nous passâmes sur une montagne couverte de Pins, dont la descente est fort rude, et qui conduit dans une vallée étroite et tortuë, sur la gauche de