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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/543

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Le 11 Octobre nous continuâmes nôtre route dans la plaine de Tocat, laquelle se retrécit à six milles en deçà de Turcal, et s’élargit ensuite à mesure qu’on en approche. Turcal est une belle Bourgade à 15 milles d’Agara, située autour et sur la pente d’une colline escarpée, séparée des autres, terminées par un vieux château, et moüillée au pied par la riviere de Tocat. Tout ce quartier est plein de beaux vignobles ; les champs y sont bien cultivez, les villages frequens, et les bouts de colomnes antiques assez communs dans les cimetieres ; ce qui marque bien que le pays étoit autrefois peuplé par des gens aisez. Passé Tocat on n’entend plus parler de Curdes ; mais bien de Turcmans, c’est à dire d’une autre espece de voleurs encore plus dangereux, en ce que les Curdes dorment la nuit, et que les Turcmans volent jour et nuit. Nous campâmes pourtant sans crainte dans la plaine à une demi lieuë au-dessous de Turcal. On entra le lendemain dans une vallée assez étroite, bornée par une montagne considérable d’où l’on descend dans une autre vallée étranglée et tortuë où nôtre Caravane s’arrêta. Tout le pays est agréable et couvert de bois, mais les Pins et les Chênes y sont plus petits qu’ailleurs. La riviere de Tocat tire vers le Nord à Turcal, et va se jetter dans le Casalmac vers Amasia. Nous la laissâmes à droite pour suivre la route d’Angora, et ne trouvâmes rien de considérable pendant le reste du chemin jusques à la ville. On entendoit chanter les perdrix, et le gibier de toutes les especes y est tres abbondant, de même que dans tout le reste de la Natolie.

Le lendemain nous ne vîmes que des Chênes et des Pins pendant neuf heures de marche. Tantôt ce sont de petites vallées, et tantôt des montagnes d’une hauteur considérable. On n’y voit qu’une plaine assez jolie où est le