Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/555

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beaux caracteres. L’Inscription est à trois colomnes à droite et à gauche ; mais outre les lettres effacées, tout est plein de grands trous semblables à ceux qu’auroient pû faire des boulets de canon ; et ces trous que les paysans ont fait pour arracher les crampons, ont emporté la moitié des caracteres. Les paremens des pierres sont des quarrez barlongs fort propres, et d’un pouce de saillie. Sans compter le Vestibule, cet édifice est dans œuvre de 52 pieds de long, sur 36 pieds et demi de large. Il y reste encore trois fenêtres grillées, de marbre à grands carreaux semblables à ceux de nos fenêtres. Je ne sçai pas de quelle matiere ces carreaux étoient garnis, si c’étoit de pierre transparente ou de verre.

On voit dans l’enceinte de cet édifice les ruines d’une pauvre Eglise de Chrétiens, auprés de deux ou trois méchantes maisons, et de quelques escuries à vaches. Voilà à quoi se réduit le monument d’Ancyre, lequel n’étoit pas un Temple d’Auguste, mais une maison publique ou le Prytanée où se faisoient les repas lors des grands fêtes des jeux publics que l’on celebroit souvent dans cette ville, comme il paroît par les Médailles de Neron, de Caracalla, de Dece, de Valerien le vieux, de Gallien et de Salonine. Les legendes marquent les jeux auxquels on s’exerçoit.

On découvriroit peut-être quelque chose de plus particulier touchant cet edifice, si l’on pouvoit déchifrer plusieurs Inscriptions grecques que l’on avoit gravées sur les murailles en dehors, car ce bâtiment étoit sans doute isolé. On trouve présentement ces Inscriptions dans les cheminées de quelques maisons de particuliers, où elles sont couvertes de suye ; ces maisons sont adossées à la maîtresse muraille à droite.

L’Inscription dont nous avons parlé ci-devant, où