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Lettre XXII.

A Monseigneur le Comte de Pontchartrain, Secretaire d’Etat et des Commandemens de Sa Majesté, etc.

Monseigneur,

Dans l’incertitude où nous étions, si nous aurions meilleur marché des voleurs qui sont sur le grand chemin de Constantinople, ou de ceux qui courent sur la route de Smyrne, nous préferâmes le voyage de cette derniere ville, dans l’esperance non seulement de trouver des Plantes plus rares que nous n’avions fait sur le canal de la mer Noire ; mais encore pour nous approcher de la Syrie dont nous avions dessein de voir les côtes.

Nous partîmes donc le 8 Decembre de Pruse pour Smyrne, et couchâmes à Tartali, village à trois heures et demi de marche. On passe par Cechirgé où sont les vieux Bains de Capliza, et de là sur le pont du Loufer ou Merapli petite riviere qui tombe du mont Olympe, et qui va se jetter dans la mer prés de Montania. Les Truites du Loufer sont excellentes et tout ce pays est beau et bien cultivé. A gauche regne une chaine de collines, sur laquelle est Phisidar bourgade considérable habitée par des Grecs, qui pour avoir le plaisir d’être seuls chez eux, sans mélange d’aucuns Turcs, payent double Capitation, et ne voyent qu’une fois l’année un Cadi ambulant.

Le 9 Decembre aprés une marche de 9 heures, on commença à découvrir le lac d’Abouillona qui a 25 milles