Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/600

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sçauroit être que le village d’Abouillona. Apollon étoit sans doute reveré dans cette ville, car outre qu’elle en portoit le nom, ce Dieu est répresenté sur une Médaille de M. Aurele debout devant un trepié, autour duquel est tortillé un serpent ; Apollon y est couronné par Diane chasseresse. La Médaille de Lucius Verus represente aussi un Apollon debout, le bras gauche appuyé sur une colomne et tenant une branche de laurier de la main droite. Le même culte paroît sur une Médaille de Caracalla, où Apollon est debout au milieu de quatre colomnes du frontispice de son Temple. Le même type est sur la Médaille de Gordien Pie. La ville d’Apollonia étoit encore considérable sous l’Empereur Alexis Comnene ; Anne sa fille rapporte qu’elle fut, comme Pruse, pillée par les Turcs.

On laisse toujours le Lac d’Abouillona à gauche pour aller à Lopadi où nous couchâmes ce jour-là, aprés avoir traversé une belle plaine. La riviere sort du Lac, environ deux milles audessus de la ville ; mais elle est profonde et porte bateau, quoique depuis long temps personne ne prenne soin de la nettoyer. On la passe à Lopadi sur un pont de bois, à la gauche duquel sont les ruines d’un ancien Pont de pierre qui paroît avoir eté bien bâti. Lopadi que les Turcs appellent Ulubat, les Francs Loubat, et les Grecs Lopadion, n’a qu’environ 200 maisons d’assez mauvaise apparence ; cependant ce lieu a eté considérable sous les Empereurs Grecs. Ses murailles, qui sont presque ruinées, étoient deffenduës par des tours, les unes rondes, les autres pentagones, quelques-uns triangulaires ; l’enceinte de la Place est presque quarrée. On y voit des morceaux de marbre antique, des colomnes, des chapiteaux, des bas-reliefs et des architraves, mais le tout brizé et tres maltraité. Le Caravanserai où nous logeâmes étoit