Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/624

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n’est pas le même jour, parce qu’ils comptent suivant le vieux style. Les Consuls ne se visitent pas dans ces sortes d’occasions ; ils se contentent de se faire complimenter reciproquement par leurs Interpretes.

Aprés nous être délassez pendant quelques jours chez Mr Royer, où l’on trouve tout ce qu’on peut souhaiter pour se dédommager de ce qu’on a souffert dans les grands voyages, c’est à dire fort bonne chere, une conversation charmante, toutes les Gazettes et même une Bibliotheque ; nous allâmes nous promener du côté du Château de la Marine avec le Chancelier de la nation, et quelques-uns de ses amis bien armez, de même que leurs valets : cette précaution est nécessaire quand il y a des vaisseaux de Barbarie aux environs de Smyrne ; car les soldats et les matelots qui courent les côtes, tirent sur les chasseurs dés qu’ils voyent qu’ils ont déchargé leurs fusils sur quelque piece de gibier.

Le Château de la Marine, dont j’ay l’honneur de vous envoyer le Plan, est un Fort quarré, dont les côtez ont environ cent pas de long, flanqué de quatre mauvais bastions, et deffendu par une Tour quarrée qui en occupe le milieu ; l’enceinte en est basse et crenelée ; l’artillerie qui est sans affust, est aussi grosse que celle des Châteaux des Dardanelles. Cette Place est entourée de marais praticables et pleins de Beccassines. Aprés avoir passé une petite forest d’Oliviers, on trouve, au pied d’une des collines dont la rade est bordée, des Bains d’eau chaude presque abbandonnez. Peut-être que ce sont ceux dont Strabon a parlé en faisant la description des lieux qui se trouvent en venant de Clazomene à Smyrne : cet Auteur assûre que l’on y rencontre le Temple d’Apollon, et les eaux chaudes. De l’ancien bâtiment des Bains, qui étoit assez beau, s’il en faut juger par les ruines, il ne resta aujour-