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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/647

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moitié ruiné, est à l’Est ; c’étoit l’ouvrage des Empereurs Grecs, de même que la Citadelle ruinée. Les piliers qui soutiennent les arcades, sont bâtis de tres belles pieces de marbre, entremêlées de morceaux d’architecture, et l’on y lit des Inscriptions qui parlent des premiers Cesars. Ces piliers sont quarrez, plus ou moins hauts suivant que le niveau de l’eau le demandoit ; mais les cintres sont tous de brique. Cet Aqueduc servoit à conduire à la Citadelle et à la ville, les eaux de la fontaine Halitée, dont a parlé Pausanias. Elles se distribuoient à la ville par des tuyaux de brique, pratiquez dans de petites tours quarrées et appuyées contre quelques-uns des piliers. Cette ville s’étendoit principalement du côté du midi, et tout ce quartier n’est rempli que de ruines ; mais Ephese a eté renversée tant de fois qu’on n’y connoît plus rien.

Pour ce qui regarde les Inscriptions nous n’en copiâmes aucune, car outre qu’on n’en sçauroit lire qu’une partie ; les autres sont si hautes qu’il est impossible de les déchifrer : on ne trouve ni échelles, ni chevalets chez les Grecs.

Le lendemain nous traversâmes la plaine pour aller reconnoître les ruines de ce fameux Temple de Diane, qui a passé pour une des merveilles du monde. Ce grand Edifice étoit situé au pied d’une montagne et à la tête d’un marais. Pline croit qu’on choisit ce lieu marécageux, comme moins exposé aux tremblemens de terre ; mais aussi l’on s’engagea à une dépense effroyable, car il fallut faire des caves pour vuider les eaux qui s’écouloient de la colline, les jetter dans le marais et de là dans le Caystre. Ce sont ces caves que l’on prend mal à propos pour un labirynthe ; on est convaincu par l’inspection des lieux, qu’elles n’ont jamais servi qu’à vuider les eaux. Ma pensée est confirmée par Philon de Byzance, qui convient qu’on fut obligé d’y faire des fossez tres profonds, et