Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/658

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donnerent peut-être aprés la destruction d’Ephese. Ce qu’il y a de plaisant dans ce changement de nom, c’est qu’il repond à l’ancien nom de la ville qui est la Neapolis des Milesiens. Malgré une tres grande pluye nous y arrivâmes dans trois heures. Quand on est prés des ruines du Temple d’Ephese il faut tirer droit au Sud, ensuite au Sud-Oüest pour gagner la Marine. Delà on prend sur la gauche au pied des collines, où est la prison de S. Paul, laissant à droite le marais qui se dégorge dans le Caystre. Ce chemin est fort étroit en plusieurs endroits, à cause de la riviere qui serpente et qui vient battre au pied des montagnes ; aprés quoi elle tire droit à la mer. A peine distingue-t-on le chemin à cause de la quantité des Tamaris et des Agnus castus. La rade d’Ephese est terminée dans cet endroit-là, qui est au Sud-Oüest, par un Cap qu’il faut laisser à droite, et sur lequel on passe pour prendre le chemin de Scalanova. On vient ensuite à la Marine d’où l’on découvre le Cap de Scalanova qui avance beaucoup plus dans la mer. A deux milles en deçà de la ville, on passe par la breche d’une grande muraille, laquelle, à ce qu’on prétend, a servi d’aqueduc pour porter les eaux à Ephese ; mais il n’y a point d’arcades. On voit pourtant la suite de la muraille qui approche de la ville en suivant le contour des collines. Les avenuës de Scalanova sont agréables par leurs vignobles. On y fait un negoce considérable en vins rouges et blancs, et en raisins secs ; on y prépare aussi beaucoup de peaux de Marroquin.

Scalanova est une assez jolie ville, bien bâtie, bien pavée et couverte de tuiles creuses comme les toits de nos villes de Provence. Son enceinte est presque quarrée, et telle que les Chrétiens l’ont bâtie. Il n’y loge que des Turcs et des Juifs. Les Grecs et les Armeniens en occupent les fauxbourgs. On voit beaucoup de vieux marbres dans cette ville.