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de violence au gré de celui qui est assis. Les roües de fortune sont semblables à celles des moulins d’eau ; on les fait tourner sans que ceux qui sont assis en dedans touchent les uns aux autres, quoique chacun se trouve à son tour au haut et au bas de la rouë.

Le premier jour du Bairam, les Musulmans font entre eux une réconciliation générale, et se donnent réciproquement les mains dans les ruës ; aprés avoir baisé celles de leurs ennemis, ils les portent à leur teste. On se souhaite mille prosperitez, et l’on s’envoye des présens comme nous faisons ici au commencement de l’année. Les Prédicateurs expliquent dans les Mosquées quelques points de l’Alcoran, et aprés le sermon, on y chante l’Oraison suivante : Salut et benediction sur toi Mahomet ami de Dieu. Salut et benediction sur toi Jesus-Christ soufle de Dieu. Salut et benediction sur toi Moyse familier de Dieu. Salut et benediction sur toi David Monarque établi de Dieu. Salut et benediction sur toi Salomon le fidele du Seigneur. Salut et benediction sur toi Noé, qui as été sauvé par la grace de Dieu. Salut et benediction sur toi Adam la pureté de Dieu.

Le Grand Seigneur paroit plus magnifique ce jour-là qu’à l’ordinaire ; il reçoit les complimens des Grands de la Porte, et leur fait donner un repas somptueux dans la Sale du Divan. On asseure qu’au retour de sainte Sophie il monte sur son thrône, ayant le Chef des Eunuques blancs à sa gauche. Si les fils du Kam des Tartares se trouvent à la Cour, ils viennent les premiers se prosterner devant lui, et ne se retirent qu’aprés avoir baisé ses mains et lui avoir souhaité une heureuse feste. Le Grand Visir se presente ensuite à la tête des Vicerois et des Pachas qui sont dans la ville ; et aprés avoir fait son compliment au Sultan un genou en terre, il lui baise la main et prend la place du Chef des Eunuques blancs. Le Moufti accom-