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modifier alors, l’Art du XVIIIe siècle, il publia le Gavarni terminé dès les premiers mois de 1870 et rédigea les catalogues de l’œuvre de Watteau et de l’œuvre de Prudhon auxquels Jules avait souvent songé. Vers le même temps, M. Alphonse Lemerre donnait place dans sa petite Bibliothèque littéraire à Renée Mauperin, à Germinie Lacerteux et à Sœur Philomène et Edmond de Goncourt trouvait dans M. G. Charpentier un éditeur tel que Jules n’en avait pas connu. Cette publicité multiple faisait enfin connaître aux nouvelles générations des œuvres jusqu’alors goûtées des seuls délicats, et, en donnant au survivant un surcroît de notoriété, lui procurait aussi un surcroît de revenu dont bénéficiait la maison d’Auteuil. Tandis qu’il faisait chez les pépiniéristes de la banlieue une rafle des arbustes les plus rares pour en orner son jardin, ou qu’il enlevait à Bing et à Sichel quelques-uns de leurs plus beaux bronzes et de leurs plus beaux laques japonais, il découvrait, comme il l’écrivait à Burty, dans Pierson (un élève du relieur danois F.-N. Behrends) « le rare ouvrier qui a la passion de son art et que la faveur qu’on lui accorde de mettre un cuir japonais sur un bouquin remplit de bonheur ». C’est par centaines que volumes et plaquettes allèrent rue Mazarine revêtir l’uniforme reliure de toile rouge ou brune sur laquelle se détache le titre en lettres noires, également adoptée par Burty pour la majeure partie de ses propres livres. « Ce roi des cartonneurs », ainsi que Goncourt appelait un peu emphatiquement Pierson, fut parfois convié à des besognes plus difficiles, comme lorsqu’il revêtit de maroquin noir le manuscrit autographe de la Fille Élisa. Toutefois, c’est à Marius Michel qu’Edmond avait demandé la décoration, somptueuse entre toutes, mais nullement « congruante » au sujet, d’un des deux exemplaires sur Hollande de l’Art du XVIIIe siècle, enrichi d’états ou d’épreuves uniques. C’est à Lortic