Page:Tourneux - Un factum inconnu de Diderot, 1901.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fripons » ; et sur ce propos il remporta son énorme cahier de chiffres, sans avoir pu me résoudre à le regarder. M. Luneau ne niera point ce fait, parce qu’il mentirait inutilement. Qu’on me dise à présent ce qu’il y a de commun entre la lettre que j’adressai au magistrat en faveur de tous les gens de lettres et celle que j’écrivis aux libraires, lorsqu’on se servait de mon autorité pour les inculper ; et à quoi se réduisent les conséquences qu’il plaît à M. Luneau d’en tirer.

Encore une fois, qu’on y prenne garde. Ce que je puis avoir dit ou écrit à M. Luneau n’a aucun rapport à l’affaire présente. L’exhorter à défendre bravement les privilèges des gens de lettres contre le Corps de la librairie, ou à spolier injustement deux libraires, se sont des choses très différentes, qu’apparemment il croit honnête de confondre, puisqu’il l’a déjà fait.

Huitième chef d’accusation de M. Luneau
Les sept premiers volumes étaient à 18 francs ; les libraires ont fait payer 20 francs chacun des dix derniers.
Réponse

A qui a-t-on demandé ces 40 sols de plus ? A un souscripteur ? Nullement. Après le 7e volume et la décision du souverain, l’ouvrage est supprimé ; la continuation en est défendue. Il ne subsiste de pacte entre le public et le libraire, que ce qu’il a plu au législateur d’en laisser. Il n’y a plus de souscripteurs. Si la suite de l’ouvrage paraît, à l’ombre d’une tolérance tacite, inspirée par l’intérêt national, le commerçant et l’acquéreur sont par rapport aux dix derniers volumes, proscrits avant que d’être nés, comme si l’un demandait à l’autre un Bayle, ou quelqu’ouvrage de cette nature.

L’ouvrage vient, ou est censé venir de l’étranger.