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P.-S. — Il y a sur l’affaire de commerce, une Lettre d’un souscripteur[1], qui m’en paraît mieux instruit que M. Luneau.


L’affaire se prolongea plusieurs années encore et ne se se termina que le 14 août 1778, devant la Grand’Chambre du Parlement. Sur le rapport de l’abbé de Malézieux, conseiller, Luneau et les « intervenants » qui avaient soutenu ses revendications, furent déboutés et condamnés aux dépens, parce que, dit un passage caractéristique de la Correspondance secrète de Métra (IV, 371), « jamais les plaideurs riches n’ont perdu contre les pauvres. »[2]

Le Breton, le dernier survivant des libraires associés qui avaient soutenu l’instance, ne jouit pas longtemps de son triomphe : il mourut le 4 octobre 1779. Diderot s’éteignit en 1784. Ce ne fut le tour de Luneau que le 14 janvier 1802. Une notice nécrologique, signée A.-J.-D.-B., parue dans le Magasin encyclopédique (tome XLIV, p. 28) rappela le long procès qu’il avait soutenu et « l’astucieuse impartialité de Diderot » dans cette affaire. Eusèbe Salverte, qui avait connu le philosophe et venait de publier son Eloge (Paris, Surosne, an IX, in-8), protesta contre le rôle qu’on prêtait à celui-ci (tome XLV, pp. 95-100) et ajouta incidemment qu’il possédait un exemplaire de la brochure Au public et aux magistrats ; mais cet exemplaire ne s’est pas retrouvé dans le catalogue de la vente posthume de sa bibliothèque (16-17 décembre 1839) et, jusqu’à plus informé, on peut tenir pour unique celui qui m’a permis d’ajouter un détail ignoré à ce curieux épisode de l’histoire de l’ancienne librairie française.

  1. Le véritable titre de cette brochure est Réflexions d’un souscripteur de l’Encyclopédie sur le procès intenté aux libraires associés à cet ouvrage par M. Luneau de Boisjermain. S. l. n. d., in-8o, 24 p. L’auteur est J.-G.-A. Stoupe.
  2. On trouvera le texte de cet arrêt dans la Gazette des tribunaux de 1778 (tome VI, pp. 275-277). Le rédacteur ajoute que les libraires du Palais avaient formé des recueils factices des mémoires échangés par les parties et pour lesquels on avait imprimé un titre collectif.