Page:Tourneux - Un factum inconnu de Diderot, 1901.djvu/7

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bibliographiques modernes et de nombreux catalogues de librairie en fourniraient au besoin la preuve[1].

Ls premier volume de l’Encyclopédie parut enfin en 1752. Au point de vue commercial, on n’avait pas encore risqué une si grosse entreprise de librairie et il se trouva qu’elle fut tout de suite une bonne affaire. Quatre mille trois cents souscripteurs avaient répondu à l’appel, et si les registres d’inscription existaient encore, ils seraient curieux à consulter. C’était aussi un fait sans précédent que cet inventaire des connaissances humaines dressé par les hommes qu’une si glorieuse ambition avait seule unis et que mentionnait le Discours préliminaire de d’Alembert : Voltaire, qui avait tout de suite pris le tablier de « garçon encyclopédiste » ; Montesquieu, qui se réservait davantage, mais qui fit preuve de bonne volonté ; Rousseau, que sa misanthropie inquiète écarta bientôt ; puis le chevalier de Jaucourt, dont le zèle infatigable n’apportait pas assez de choix dans l’emploi des matériaux ; d’Holbach, Grimm, Marmontel, Morellet, le président de Brosses, Dumarsais, Bourgelat, Boulanger, etc. ; on dénombrerait plus aisément les hommes remarquables qui s’abstinrent que ceux qui prêtèrent leur concours[2].

À ce moment même, un jeune prêtre, l’abbé de Prades, établissait dans une thèse présentée à la Sorbonne un parallèle impertinent entre Esculape et Jésus-Christ, parallèle qui provoqua la censure de la docte Faculté et l’exclusion de son auteur. L’événement eut d’autant plus de retentissement que l’abbé de Prades avait fourni à l’Encyclopédie l’article Certitude et qu’il était un des familiers de Diderot. « L’abbé, dit Morellet dans ses Mémoires (tome I, p. 27), n’avait pas prétendu faire tant de bruit. » Les deux ou trois propositions

  1. Cette concurrence n’a été, à ma connaissance, l’objet d’aucune étude spéciale ; je me suis efforcé, du moins, d’établir dans la Grande Encyclopédie (tome XV, pp. 1010-1011) la liste par noms d’auteurs des parties qui composent l’ensemble de ces Descriptions et des réimpressions auxquelles elles ont donné lieu.
  2. Le tableau des collaborateurs de l’Encyclopédie primitive n’a jamais non plus été dressé ; mais on trouvera dans les Avertissements des tomes VI et VII de l’édition originale des listes assez détaillées, sinon complètes, des coopérateurs jusqu’en 1758.