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Page:Traité d'hygiène.djvu/28

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ANTHROPOLOGIE

progressive des hommes dans une voie déterminée, et l’immense durée d’une période de tâtonnements et d’essais devant aboutir à l’établissement final de sociétés civilisées. La modeste hache en silex est le premier témoin archéologique de ces luttes obscures, de ces premiers débuts, sur la terre de l’activité et de l’industrie humaines. Les différentes étapes que nous avons esquissées n’ont pas été accomplies simultanément et ne sont pas synchrones partout ; les races privilégiées et les peuplades d’élite ont devancé les autres, puis, dans leurs expansions ultérieures, les ont subjuguées ou détruites. L’Égypte, la plus anciennement civilisée des nations, était déjà couverte de somptueux édifices et le siège d’une culture très avancée alors que l’Europe en était encore à la période du silex ou du bronze. De nos jours encore, les Polynésiens et les Esquimaux vivent à peu près de la vie que menaient les Européens pendant l’âge de la pierre.

Pour la connaissance de la répartition actuelle des races, de leur filiation et de leurs migrations successives, un nouvel élément d’études a été introduit, élément très instructif, grâce surtout aux beaux travaux des frères Grimm, de Max Müller, de Burnouf, etc., nous voulons parler de la linguistique comparée, de ce que l’on a appelé, avec un certain bonheur, la paléontologie linguistique. Les mots, en effet, ou les racines élémentaires des mots, sont comparables aux matériaux fossiles qui servent à déterminer les âges des générations, et c’est par la confrontation de documents fournis par l’archéologie, par la tradition, par la linguistique et par l’anatomie, que l’on a pu tenter, non seulement la classification méthodique des différentes races humaines, mais encore, pour l’une d’entre elles du moins, la race blanche, l’histoire de ses origines et de ses principales migrations.

Actuellement l’espèce humaine se répartit en trois grands groupes et troncs principaux : le tronc blanc ou caucasique, le tronc jaune ou mongolique et le tronc nègre ou éthiopique. Comme le fait remarquer M. de Quatrefages, ces dénominations sont défectueuses : « il y a de blancs parfaitement noirs, et le type blanc n’est jamais sorti du Caucase. Mais ces désignations sont reçues dans la science et il y aurait inconvénient à les remplacer. Nous n’insisterons pas ici sur les caractères distinctifs de ces grandes divisions humaines, caractères empruntés à l’apparence extérieure, à la configuration du squelette, du crâne surtout, à la coloration de la peau, au langage, aux aptitudes intellectuelles, à la perfectibilité, etc. Ces données sont connues de tout le monde, et il nous semble inutile de les rappeler ici ; nous nous contenterons de reproduire sous forme d’un tableau dont les éléments ont été empruntés à l’article race de M. de Quatrefages, la distribution ethnographique et géographique actuelle des différentes races humaines.