Page:Tremblay - Les ailes qui montent, hommage au nouvel an 1919, 1918.djvu/31

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La ruine et la mort disloquent les terroirs
Où rayonnaient la joie et la douceur de vivre,
Où vibrait un bonheur qu’on n’ose plus poursuivre.
La guerre se nourrit des vœux recommencés,
Tant se creuse l’abîme entre les fiancés,
Entre les cœurs unis que le clairon sépare.
C’est pour les réquiems que le temple se pare,
Et l’ornement est sombre, et la cloche est un glas
Qui sonne lourd parmi les pleurs qu’on étrangla.
Mais Ta puissance est grande, et la Foi se console,
Près d’une sépulture, où la prière isole
Ceux que le sacrifice a brusquement meurtris,
Celles qui vont pleurer sur des restes flétris.
Elles portent dans l’âme une douleur trop vive,
Pour chercher hors de l’ombre une pitié passive,
Et c’est vers Toi que vont les pleurs silencieux,
Car c’est dans la douleur qu’on se souvient des cieux.
Les épreuves sans nombre ont tué la pensée,
En jetant sur la vie une rage insensée,
Et qui la fait haïr jusque dans ses attraits ;
Les engins de terreur ont fouillé les retraits,
Profondément cachés dans les antres de pierre,
Et broyé les vivants comme une fourmilière.
Les vents ont emporté, par delà l’hiatus
Des océans, la Peste, aux hideurs de rictus,
Qui frappe les chevets avec l’épidémie.