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simple regard donné au Bois sacré fait revenir la paix et l’espoir au cœur.

Elle a pour support l’humble église de paroisse. C’est ici que les aïeux ont leur histoire. Les joies pures, les tendresses avouables, les deuils partagés, l’espérance des familles, tout ce qui fait ombre ou lumière au tableau de la vie, tout cela est écrit dans le registre parfois centenaire, qui parle à la mémoire et plus à l’avenir.

Elle hante les vieilles maisons de billes, où tant de choses déchirantes revivent nos heures tragiques ; elle hante les forêts, où la trace est visible encore de ces hommes obscurs qui passèrent en préparant les voies de Dieu.

Elle règne dans les parlements, et son verbe français demande aux lois leur mot de passe. Car c’est le sol du Canada qui seul importe à notre amour. Les terres étrangères peuvent avoir une part, même large, de nos affections ; mais notre âme, nos forces, nos prières appartiennent au terroir, inondé, imprégné jusqu’au tréfonds du souvenir de nos ancêtres.

Dites-moi : La survivance de la langue maternelle, la conservation de l’âme nationale, les aspects de cette âme, les annales intimes de la race, n’est-ce pas là ce qui mérite le culte passionné d’une littérature sincère ? A notre sens, voilà l’orientation que nos lettres doivent prendre.