Page:Tremblay - Nos lettres, 1921.djvu/16

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sourires cueillis çà et là dans les rapides esquisses brossées sur place, et qui disent tant de choses aimantes au cœur qui se souvient. Et c’est la fine candeur de l’âme canadienne.

Recueillons-nous maintenant. Nous interrogeons la Poésie. La noblesse du langage humain va répondre. Crémazie paraît, au-dessus de tous ses devanciers, tenant la hampe de son drapeau…

« Ô Carillon, je te revois encore… »

Son chant berce nos songes, et longtemps l’âme française tressaillira aux accents du barde québecquois. Louis Fréchette dit sa Légende d’un peuple, et les yeux se mouillent. Pamphile Le May apporte ses Gouttelettes, Nérée Beauchemin offre ses Floraisons matutinales pour adorner l’autel du pays. La jeune école survient, Lozeau, Blanche Lamontagne, Alphonse Des Islets, Lionel Léveillé, et elle chante les variations du thème qu’ont proposé Albert Ferland, Charles Gill et Joseph Doucet. William Chapman, Adolphe Poisson, Rémi Tremblay, dans quelques-unes de leurs pièces, sont avec Joseph Lapointe des chantres de la Patrie. Tous n’ont pas la même envergure, la même inspiration, mais tous interprètent l’âme canadienne dans ce qu’elle a de plus sain, de plus intime, de plus cher.

D’autres poètes, parmi les enfants du sol, ont préféré chanter l’abstraction, comme Nelligan, Morin, Chopin, Beauregard ; ils sont