Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/136

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on arrivait à la première maison, chez Olivier Dubreuil, aux soins duquel la chevrette fut confiée.

La journée suivante fut employée à une nouvelle course qui eut pour résultat l’immolation d’un beau chevreuil mâle. On campa dans le bois et l’on revint le lendemain. Cette dernière sortie du bois fut beaucoup moins fatigante que la première, le chevreuil mort n’ayant pas besoin d’une litière pour le protéger. On l’avait tout simplement retourné sur le dos et il glissait facilement sur la neige durcie. Quant à la chevrette, Jim l’avait avortée en sautant dessus et elle mourut neuf jours après.

SUR LE LAC MAGOG

Surtout pendant son séjour à Sherbrooke, ses diverses fonctions obligeaient Quéquienne à faire de fréquents voyages, soit en voiture, soit à cheval, dans les campagnes des Cantons de l’Est. Il revenait un jour de l’une de ces excursions lorsque, s’apercevant que les chemins d’hiver avaient été gâtés par un dégel récent, il résolut d’utiliser la belle glace vive qui, le froid étant survenu, avait transformé le lac Magog en un miroir resplendissant. Cela raccourcissait la distance et lui offrait une belle route sur un parcours de cinq milles.

Il n’y avait plus de balises sur le lac. Il faisait un froid sec et Quéquienne, enfoncé dans son capot de fourrure, orientait sa course de façon à ne pas trop s’éloigner de la rive droite du lac, lorsque la glace se brisa soudain sous les pieds de sa jument qui s’enfonça dans les flots. Le traîneau était resté en dehors de la brisure. La glace brisée était semi-transparente, ayant apparemment recouvert une couche d’air interposée en cet endroit entre l’eau courante et la surface congelée.