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PIERRE QUI ROULE

leure défense du scandale des Tanneries qui ait jamais été publiée.

« Voici comment cela s’explique : M. Dansereau était impliqué avec M. Chapleau dans cette ténébreuse affaire qui coûta la vie au Ministère Ouimet. Aux yeux du public, les arguments employés en faveur des hommes qui s’étaient arrangés de façon à soulager la caisse provinciale de tout le montant représenté par les profits des manipulateurs du troc de la ferme Leduc, ne pouvaient avoir un certain poids, surtout dans la Minerve, qu’à la condition de paraître désintéressés.

« Le journal Les Laurentides avait été fondé pour donner à un homme non compromis la responsabilité d’articles apologétiques que tous les journaux amis devaient reproduire. Il remplit admirablement sa mission et, lorsque l’incident eut été vidé, M. Tarte, considérant avec raison que l’utilité de la feuille campagnarde avait cessé, était allé à Québec recevoir le prix de ses services sous forme d’un fauteuil à la rédaction du Canadien.

« Un an s’était à peine écoulé que ce jeune homme, parti pauvre de Saint-Lin, était propriétaire de l’un des principaux journaux du Canada. Sa fortune financière, politique et littéraire a été très rapide. Cela s’explique par le fait que Tarte est un particulier qui ne reste pas en arrière lorsqu’il aperçoit un morceau à sa convenance. Il n’attend pas qu’on le serve et sait fort bien se servir lui-même.

« Il a découvert de suite que, dans le milieu étroit, où se meut la politique canadienne, les hommes supérieurs restent éternellement à l’arrière-plan s’ils attendent qu’on aille les chercher ; et il n’a pas hésité à jouer des coudes pour faire son chemin à travers les nullités qui encombrent les avenues de la politique. Qui pourrait l’en blâmer ?