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PIERRE QUI ROULE

avaient été protectionnistes sous le gouvernement Cartier-Macdonald. À leur arrivée au pouvoir, ils adoptèrent la politique de leurs devanciers, lesquels devinrent protectionnistes à leur tour.

« J’étais alors, comme tous les conservateurs de l’époque, partisan d’une protection raisonnée, comme moyen de donner à l’industrie canadienne l’impulsion dont elle avait besoin. L’argument employé de préférence par sir John Macdonald et ses fidèles était celui-ci : Le desideratum serait la réciprocité de commerce avec les États-Unis. Nos voisins nous la refusent et, puisque nous ne pouvons l’avoir, ayons au moins la réciprocité des tarifs.

Le chef conservateur déclarait en outre que, dans son intention, la protection devait être une mesure transitoire, destinée à amener ultérieurement la réciprocité commerciale entre les deux pays.

« Les libéraux avaient là une excellente occasion de se rattraper aux dépens des conservateurs, qui leur avaient maintes fois subtilisé leurs projets de réforme pour les mener à bonne fin et s’en attribuer tout le mérite. Au reste ils n’auraient eu qu’à revenir aux principes qu’ils avaient proclamés lorsqu’ils étaient dans l’opposition.

« Non seulement la mise en pratique de leurs doctrines d’antan eut été une manœuvre habile de leur part, au point de vue des intérêts de parti, mais l’application de ces théories aurait été avantageuse pour le pays, surtout si l’on eut eu soin de ne pas dépasser le but comme les conservateurs l’ont fait depuis en protégeant les producteurs coalisés contre les consommateurs. C’était le travail qui avait besoin de protection : c’est le capital qui en bénéficie.

« Il appartenait aux libéraux, qui se proclamaient les champions du peuple, d’améliorer la condition de ce dernier au moyen des réformes fiscales dont le besoin