Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
PIERRE QUI ROULE

« À les en croire, il suffirait aux fétichistes de Guillaume d’Orange de se montrer pour faire rentrer sous terre tout ce qu’il y avait d’Irlandais et de Canadiens. Ils vinrent en grand nombre le 12 juillet ; mais ils avaient à peine commencé leurs manifestations hostiles qu’ils se firent rosser d’importance. L’un d’eux, nommé Hackett, fut tué d’un coup de revolver. Cet événement regrettable mit le feu aux poudres et, de part et d’autres, la guerre des journaux recommença de plus belle.

« Les Canadiens-français moins susceptibles que les Irlandais au sujet de la bataille de la Boyne, n’avaient pas pris part à la bagarre, à l’exception de quelques-uns qui avaient eu l’occasion de protéger quelques fuyards orangistes à la veille d’être écharpés par les Irlandais qu’ils avaient provoqués. La presse catholique fut unanime à réprouver les actes de violence de ceux qui avaient malmené les orangistes. Pourtant, ceux-ci étaient venus armés jusqu’aux dents avec l’intention avouée de provoquer une lutte sanglante.

« Ils étaient restés les dindons de la farce qu’ils avaient voulu jouer, et cependant, après leur déconfiture, c’étaient des cris de paon qu’ils lancèrent aux quatre vents du ciel. À quelque temps de là, les zouaves pontificaux ayant nolisé un bateau pour faire une excursion de Montréal à Ottawa, le capitaine Simmons, commandant du Queen Victoria, prit sur lui d’enlever un drapeau du Sacré-Cœur qui avait été hissé à la proue du navire avec la permission de l’officier en second.

« Il dut s’enfermer dans sa cabine pour échapper aux reproches, très énergiques, des zouaves qui réclamaient leur drapeau, qu’il ne pouvait leur rendre vu qu’il avait eu la malencontreuse idée de le jeter à l’eau.

« Au bout d’une demi-heure il autorisa les zouaves à hisser le drapeau pontifical au haut du grand mât et