« J’ai vu M. Cinq-Mars, agent de sûreté, se précipiter à travers les manches de hache de constables trop zélés, et leur arracher un orangiste auquel ils étaient en train d’administrer une correction des moins paternelles. L’orangiste avait été passablement malmené ; mais M. Cinq-Mars en fut quitte pour deux mauvaises entailles à la tête qui ne l’empêchèrent pas de rester debout.
« Quelques piétons isolés, ayant eu la maladresse d’exhiber les couleurs orangistes, reçurent aussi leur part de horions. À part cela la journée se passa sans incidents. Seulement, en s’en retournant, certains militaires orangistes, peu satisfaits du résultat, se vengèrent en tirant, du convoi où ils étaient, sur des enfants et d’autres passants inoffensifs. Un cultivateur dont j’oublie le nom fût même tué par des soldats qui avaient envahi le wagon à bagage et avaient cru très drôle de lancer des couvercles en fonte sur ceux qui les regardaient passer.
« Cela me fournit l’occasion d’écrire dans la Minerve un article que j’eus le plaisir de voir reproduit dans le Courrier des États-Unis. Je n’étais pas censé écrire des articles de fond ; mais, à la demande de mes supérieurs, j’en ai écrit une dizaine pendant l’année que j’ai passée à la Minerve.
Au printemps de 1879, je quittai la Minerve pour entrer à la rédaction du Courrier de Montréal. »
Ce qui précède se trouve à la fin des « Souvenirs d’un journaliste », publiés par Quéquienne en 1894. Régulièrement, mes citations de cet écrit devraient s’arrêter là, mais je crois que l’extrait suivant, emprunté à la même source, sera bien accueilli par le lecteur désireux de se renseigner au sujet de l’apparente versatilité de notre autobiographe :
« Mon ardent désir de connaître la vérité et de me ranger toujours du côté de la justice m’a fait parcourir