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PIERRE QUI ROULE

Les travers de la société, la partialité des gouvernants, les abus dont nos compatriotes avaient à se plaindre lui fournirent le thème de nombreux articles qui furent reproduits par la plupart des journaux de la province. Il commençait à faire école au point que maints journaux, jusqu’alors rigides observateurs de la discipline de parti, lui prêtaient main-forte dans ses revendications en faveur de nos compatriotes, invariablement frustrés de leurs droits en ce qui concerne la distribution de ce que l’on a abusivement qualifié de faveurs ministérielles.

Ces protestations, presque unanimes produisirent une certaine impression sur les pouvoirs publics. On vit même des conservateurs à tous crins comme Joseph Tassé, alors député fédéral, insister en pleine Chambre des Communes, dans un discours fortement documenté, pour que justice fût rendue aux employés franco-canadiens, alors comme aujourd’hui victimes d’une trop partiale répartition des salaires.

Durant les sessions des Chambres fédérales, Quéquienne allait à Ottawa représenter le Courrier à la tribune des journalistes. Un remaniement ministériel avait eu lieu et l’honorable M. Mousseau avait été nommé secrétaire d’État. Quéquienne avait reçu de lui l’offre de devenir son secrétaire privé, offre qu’il ne crut pas devoir accepter, mais qui lui fit d’autant plus de plaisir qu’elle lui était faite à la suite d’un incident dont M. Mousseau aurait pu lui garder rancune.

Le Courrier de Montréal s’était opposé à la nomination de M. Mousseau pour des raisons tout-à-fait étrangères au mérite personnel de cet homme public, raisons que Quéquienne avait alléguées dans ce journal à la demande de M. Duvernay et de ses amis.

Au dernier moment, ceux-ci, ayant appris que la nomination de M. Mousseau était décidée, prirent sur eux, en l’absence de Quéquienne, de modifier un de ses arti-