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PIERRE QUI ROULE

« Pour toute réponse à sa demande, la délégation de la paroisse de Notre-Dame de Lourdes reçut les paroles suivantes de S. G. Mgr Hendricken : « Pourquoi voulez-vous un prêtre franco-américain ? Dans dix ans, tout le monde parlera l’anglais dans vos églises. » On lui fit remarquer que l’Église n’avait pas été instituée pour trancher les questions philologiques et ethnographiques ; que le miracle avait été fait pour les desservants et non pour les desservis ; que le français était pour les nôtres une sauvegarde de la foi, et indispensable dans le moment pour le salut des âmes. L’évêque ne voulut rien comprendre. La cause fut portée à Rome. On sait que finalement, en 1886, nos compatriotes obtinrent ce qu’ils demandaient.

« Ce fut M. Dubuque qui prépara tous les documents, plaidoyers, etc., de cette cause célèbre. Il fut aussi le principal orateur des réunions populaires qui se tenaient dans la paroisse de Notre-Dame, deux ou trois fois par semaine. Ces réunions avaient lieu à la salle Saint-Jean-Baptiste.

« C’est ainsi que pendant deux ans, M. Dubuque réussit à empêcher plus de 5,000 Franco-américains de fréquenter leur église irlandaise. Allez aux autres églises, disait-il, mais pas à celle-là. »

« J’étais alors traducteur des Débats à Ottawa, mais je continuais à faire du journalisme en dehors des sessions. On m’avait écrit pour m’offrir la rédaction de l’Indépendant de Fall River. J’ai rédigé ce journal entre la session de 1885 et celle de 1886.

« À mon arrivée, la lutte battait son plein. Notre-Dame était en grève et le curé McGee se trouvait à la tête d’une paroisse sans paroissiens. On en avait appelé à Rome. Le délégué choisi par les paroissiens devait bientôt partir pour la Ville Éternelle. C’était M. N. Martineau, créé plus tard Chevalier du Saint-Sépulcre.