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PIERRE QUI ROULE

me de poésies qu’il avait fait imprimer à l’Indépendant. À cet effet, il parcourut la plupart des centres franco-canadiens de la Nouvelle-Angleterre, et fut partout favorablement accueilli. À son retour, il se remaria.

Quelques années après, ses trois fils étaient en état de pourvoir à leur propre subsistance. L’aîné était entré à la traduction des Débats ; le cadet était devenu artiste lyrique et voyageait, sous un nom de théâtre, en qualité de ténor au service d’une puissante compagnie de grand opéra ; le plus jeune était entré à la rédaction de la Presse de Montréal.

Quéquienne avait toujours mené une vie très régulière. Ce n’est pas en bambochant que l’on parvient à s’instruire soi-même comme il l’avait fait. Il se mit à étudier les langues ; il acquit une connaissance assez approfondie de l’espagnol et de l’italien, et une connaissance superficielle de plusieurs autres idiomes.

Le service public lui assurant un emploi beaucoup moins aléatoire que le journalisme, il lui devint plus facile de faire des économies. Il eut malheureusement l’imprudence de placer ses premières épargnes dans des compagnies américaines de pétrole et de culture tropicale qui promettaient des dividendes fabuleux et qui finissaient par disparaître après avoir empoché ou gaspillé l’argent des actionnaires. Après avoir perdu une dizaine de mille dollars, il finit par renoncer à ce genre de placements.

En 1901, son fils aîné mourait foudroyé par une congestion cérébrale et, deux ans après, le cadet était aussi soudainement frappé par une attaque du même genre. Il était mort à New-York, emporté durant son sommeil, à la suite d’une représentation où il avait figuré aussi brillamment qu’à l’ordinaire. Quéquienne, mandé par un télégramme, se rendit à New-York et revint avec les restes mortels de ce deuxième fils. Celui-ci fut inhumé près de son frère, mort comme