Les télégraphistes du Cap n’avaient pas les merveilleuses facilités d’aujourd’hui. Ils allaient en chaloupe recueillir eux-mêmes le courrier, à bord des pyroscaphes, quand l’état des flots le permettait. Mais dans le gros temps, l’aventure était risquée, même impossible. Le commissaire du bord confiait alors les documents à une bouée de métal hermétiquement close, et jetait le tout par-dessus bord, à la grâce de Dieu. Puis quand venait une embellie, c’était une joute téméraire entre rameurs. Quiconque remettait le barillet au télégraphe dans les douze heures touchait une prime. Les dépêches étaient ensuite transmises au continent par le câble posé sous l’entrée du golfe laurentien.
À quatre mille au nord du Cap, une anse se dessinait : Clam Cove. C’est ici, ordinairement, que les paquebots lâchaient la bouée.
Il n’y a pas d’endroit plus désolé.