Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
Bidou se Fâche

La rivière, à cet endroit, se rétrécissait à plaisir pour laisser toucher les poutres à ses deux rives, et comme elle n’avait pas besoin d’arche marinière pour la haute navigation, elle se contentait de passer entre les culées basses, faites de billes en grume et de pierraille.

D’un côté du pont, on touchait fond à trois ou quatre pieds, et l’on voyait scintiller dans le sable du lit, des pyrites que Bidou identifiaient avec les « yamants du yâbe » chers aux désirs modestes des gamins. Vers le centre du pont, la rivière basculait soudainement en abîme, et atteignait une profondeur de vingt-cinq pieds, pour se relever gracieusement ensuite jusqu’au petit isthme à fleur d’eau, que les enfants traversaient l’été sans se mouiller les mollets.

Or Bidou péchait tout le jour.

Le jeudi, 5 juillet 1890, il était à son poste. Comme la chaleur était grande, quelques crapauds de la paroisse, Touti