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Trouées dans les Novales

des pelotons irisés où se jouent les lueurs de la clarté naissante.

Les conifères sont matelassés de givre, se heurtent sans bruit. Le flochement des masses blanches, tombant sur le linceul des champs, accuse à gauche et à droite la présence de végétations sylvestres. On entend le pétardement sec des arbres craquant le gel.

Il y a là, dans le chemin, un vieillard et quatre enfants — un sexagénaire qui bat la route pour les petits, suivant à la file leur guide courbé contre la tempête.

Le vieillard porte un castor à visière large, et se cuirasse dans un ample capot d’étoffe. Une ceinture fléchée fait sur le côté un floquet rubanné qui chatoie, dans les éclaircies intermittentes, entre chaque rafale.

Les bancs de neige sont profonds. Ils forcent les pèlerins à lever haut les jambes ; on voit alors le fauve des sou-