Page:Trembley - Mémoires pour l'hisoire des polypes.djvu/17

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du merveilleux, ont induit les Naturalistes en erreur, & leur ont déguisé des objets, très faciles d’ailleurs à reconnoître pour ce qu’ils étoient. Il ne suffit donc pas de dire qu’on a vu telle chose. Ce n’est rien dire, si, en même tems, on n’indique comment on l’a vue, si on ne met ses Lecteurs en état de juger de la maniére dont les Faits qu’on rapporte ont été observés.

J’ai autant & même plus besoin que qui que ce soit, de suivre exactement cette règle. Les Faits que je dois rapporter sont trop extraordinaires, pour que j’exige qu’on m’en croie sur ma parole. J’exposerai le plus clairement qu’il me sera possible, tout ce qui m’y a conduit, & toutes les précautions que j’ai prises pour éviter de me faire illusion. J’introduirai, autant que je le pourrai, le Lecteur dans mon Cabinet, je lui ferai suivre mes Observations, & je mettrai sous ses yeux les moiens dont je me suis servi pour les faire. Il sera lui même le témoin du succès que j’ai eu.

Mais je n’aurois pas été satisfait, si, en commençant cet Ouvrage, je n’eusse pu établir la vérité des Faits remarquables d’Histoire Naturelle qu’il doit renfermer, que sur mes propres Observations. Ils ont besoin de plus d’un témoin oculaire pour être crus. C’est ce que j’ai senti dès que je les ai vus. J’avois d’abord de la peine à en croire mes propres yeux ; & je devois, à plus forte raison, penser que d’autres auroient de la peine à les en croire.

Je n’ai donc rien négligé pour faire voir à d’autres tout ce que j’ai vu. J’ai été en cela aussi heureux qu’il est possible. Les personnes qui ont bien voulu juger de mes propres Observations, & celles qui les ont ré-