Page:Trembley - Mémoires pour l'hisoire des polypes.djvu/21

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Ils ont tous deux apperçu une des propriétés les plus remarquables des Polypes, savoir leur maniére naturelle de se multiplier. Elle les a frappés, & certainement ils n’auroient pas manqué de l’approfondir davantage, s’ils avoient eu un nombre considérable de Polypes. Leeuwenhoek n’a pu en découvrir que quelques uns, & l’Anonyme Anglois qu’un seul. Ils ont décrit leur Figure extérieure, & quelques uns de leurs Mouvemens.

Mr. Bernard de Jussieu connoit depuis longtems les Polypes, & en a même fait dessiner, comme nous l’apprend Mr. de Reaumur[1]. Je fai outre cela, qu’ils ont été vus avant moi par quelques autres personnes ; & il est même à présumer, qu’ils se seront rencontrés sous les yeux d’un plus grand nombre de Curieux, lorsqu’ils faisoient des recherches sur les Plantes, ou sur les Animaux aquatiques.

Aucun de ceux dont je viens de parler, n’a apperçu cette reproduction remarquable qui se fait dans les différentes parties d’un Polype, après qu’on les a séparées, parce que cette découverte devoit être par sa nature, non le fruit d’une longue patience, & d’une grande sagacité, mais un présent du hazard. C’est à cet heureux hazard que je dois cette découverte, que j’ai faite sans y penser, & même sans avoir eu de ma vie aucune idée qui y eut le moindre rapport.

Toute} découverte singuliére rend naturellement curieux sur la maniére dont elle a été faite. C’est ce dont j’ai pû juger par les questions qui m’ont été faites par un nombre considérable de personnes. Elles m’ont d’abord demandé, comment je m’étois avisé

  1. Préf. du Tome VI de l’Hist. des Ins. pag. 54.