Page:Trembley - Mémoires pour l'hisoire des polypes.djvu/24

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dans l’esprit de plusieurs personnes, qui les ont vus pour la premiére fois dans leur attitude la plus commune. Quelques uns en les voiant, ont dit que c’étoit des brins d’herbes : D’autres les ont comparés à cette aigrette qui garnit la graine de la Dent de lion.

Le mouvement des bras des Polypes est le premier que j’aie remarqué. Ils les courboient & les contournoient lentement en différens sens. Dans l’idée que j’avois que les Polypes étoient des Plantes, je ne pouvois guéres penser que ce mouvement, que j’observois dans ces fils déliés qu’ils avoient à une de leurs extrémités, leur fût propre ; & cependant il paroissoit tel, & nullement l’effet de l’agitation de l’eau. Je soupçonnai pourtant, que celui que faisoient, en nageant, les petits Insectes qui étoient dans le même verre, agitoit assez l’eau, pour qu’elle pût communiquer un mouvement sensible aux bras des Polypes : mais, plus je considerai dans la fuite le mouvement de ces bras, plus il me parut devoir venir d’une cause intérieure, & non d’une impulsion étrangère aux Polypes.

Je remuai un jour tant soit peu le verre dans lequel ils étoient, pour voir quel effet le mouvement que l’eau recevroit par là, produiroit sur leurs bras. Je ne m’attendois nullement à celui qu’il produisit. Au lieu de voir, comme je m’y attendois, les bras & le corps même des Polypes simplement agités dans l’eau, & entrainés par son mouvement, je les vis se contracter subitement, & si fort, que le corps des Polypes ne parut qu’un grain de matiére verte, & que les bras disparurent entiérement à mes yeux. J’en fus sur-