Page:Trembley - Mémoires pour l'hisoire des polypes.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

multiplient, & je pensai que peut-être elle pourroit me fournir le Caractère distinctif que je cherchois, celui qui me mettroit en état de juger s’ils étoient des Animaux ou des Plantes. J'avois un grand verre fort peuplé de Polypes verds, & je passois souvent des heures entiéres à les considerer les uns après les autres. Enfin j’en découvris un qui commençoit à produire un petit. Les Observations que je fis sur ce Polype, me mirent, au bout de quelques jours, assez en état de juger de la maniére dont ces corps organisés multiplient, pour reconnoïtre qu’elle à un très grand rapport avec celle dont les Plantes multiplient par rejettons. C’étoit un nouveau Caractère de Plante qu’ils venoient de me faire voir. Il me restoit cependant beaucoup de penchant à les croire des Animaux ; ou plutôt, ils me paroissoient être des Animaux-Plantes : il me sembloit qu’ils tenoient une espéce de milieu entre ces deux classes de corps organisés.

Le nouveau Caractère que je venois de découvrir dans les Polypes, me laissa donc dans le doute où j’étois depuis longtems. Quelqu’impatient que je fusse de savoir précifément dans quelle classe de corps organisés ils devoient être rangés, je goutois cependant quelque plaisir dans ce doute. Il m’avoit déja conduit à la connoissance de deux propriétés des Polypes très singuliéres, & il m’animoit à en chercher d’autres, en piquant de plus en plus ma curiosité.

Je venois, en ce tems-là, d’envoyer des Polypes à Mr. de Reaumur pour la seconde fois, ceux que je lui avois envoiés la premiére étant morts. Ce grand Observateur me manda la nouvelle de leur heureuse