Page:Trembley - Mémoires pour l'hisoire des polypes.djvu/60

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des Etoiles & des Orties de mer. Mr. de Reaumur a trouvé, que c’est surtout au moien d’une matiére visqueuse que ces Animaux s’attachent contre les corps, que l’effet de cette colle, combiné avec l’engrainement des parties de la peau de l’Animal, dans les irrégularitez des corps sur lesquels il s’attache, produit cette adhésion de l’Oeuil de bouc. Ce Naturaliste a découvert, que lorsque cet Animal veut se détacher, il mouille la base de son corps avec de l’eau qu’il en fait sortir, & que cette eau délaiant la colle qui le tenoit attaché, supplée à l’effort nécessaire pour vaincre cette adhésion. „La base de l’Animal, dit Mr. de Reaumur[1], en parlant de l’Oeuil de bouc, paroit remplie d’une infinité de petits grains, elle est comme chagrinée ; une partie de ces grains sont de petites Cellules pleines d’eau. On n’en peut douter, puisqu’ils la laissent échapper lorsqu’on les ouvre en faisant une plaie à la base, quelque légere que soit cette plaie. Une autre partie des mêmes grains contient la colle, ou la glu dont il s’agit, ou, si l’on veut, quelques autres vaisseaux la portent par toute la base. L’Animal veut-il s’attacher, il exprime, il fait sortir la glu des vaisseaux qui la contenoient, & presse sa base ainsi humectée contre quelque pierre que la mer a laissée à découvert pendant son reflux. Veut-il quitter la même pierre, il n’a pas besoin d’emploier une force égale à celle d’un poids de trente livres, comme nous l’avons fait voir ; il n’a qu’a presser les cellules qui contiennent l’eau ; l’eau s’échappe, délaie la colle, & l’Animal a la liberté d’aller chercher des alimens convenables.“

  1. Mém. de l’Acad. pour l’année 1711. pag. 113.