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132 LA PÉRIODE DK FORMATION (1789-1829)

est significatif, par contre, au point de vue du caractère moral.

Tandis que Rush et Carey gardaient la tradition utilitaire et philanthropique de Franklin , un gentilhomme aisé, Peter Markoe, travaillait assidûment à maintenir la tradition littéraire de Godfrey. Lui aussi, il écrivit des odes et une tragédie en vers, The Patriot Chief, en même temps que d’autres morceaux qu’il vaut mieux laisser sommeiller dans les limbes de l’oubli. Il n’existe pas trace, en Markoe, de la fraîcheur d’esprit que l’on trouve chez Evans et chez Godfrey ; on n’en rencontre guère davantaoe dans les vers des magazines de ce temps. Il s’en peut trouver, cependant, dans les poèmes de William Clifton (1772-99) qui, peut-être, représente le mieux, pour la fin du siècle, la poésie du groupe de Philadelphie. Son lyrisme est naturellement imité ; il rappelle tantôt la grâce aisée de Gay, tantôt le charme de Collins,

Son œuvre la plus accomplie, The Group, une attaque contre la démocratie, mérite d’être citée ; elle montre que, malgré le souci de morale qu’affichaient les premiers Américains, leurs écrivains, loin d’être prudes, se montraient souvent parfaitement grossiers. On pouvait voir un grave périodique littéraire imprimer une plaisanterie obscène ou le récit circonstancié d’un cas scandaleux de divorce en Angleterre, à quelques pages de poèmes choisis, avec force éloges, dans le recueil des Lyrical Ballads.

Clifton ne fit qu’imiter beaucoup d’autres écrivains qui usaient de leur talent, à la façon de Thersite, au profit des deux partis rivaux : les fédéralistes conservateurs, ayant à leur tête Hamilton, et les républicains-démocrates, plutôt radicaux, commandés par Jefferson. De