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LES PHEMIERS COLONS

Charles I" perdait son trône, CromAvcll imposait la puissance de l’Angleterre et Charles II l’ébranlait ; Milton composait son sublime poème épique ; des érudits fameux recueillaient el accroissaient les trésors delà Renaissance ; de nobles artistes peignaient d’immortels tableaux, et la science moderne naissait. Et faut-il s’étonner que, lorsqu’il s’agit des choses de l’esprit, nous, — les possesseurs tranquilles de l’immense contrée que déchiffrèrent ces courageux pionniers , — nous tournions instinctivement nos regards vers l’Europe de Galilée, de Molière et de Rembrandt !

Il en est de même si, des bois verdoyants et des larges cours d’eau de la Virginie, nous portons notre attention vers le rivage glacé mais pittoresque de la Nouvelle-Angleterre. Les Pèlerins qui atterrirent à Plymouth en 1620 et les pieux hoberaux et citadins qui, dix ans plus tard, accompagnèrent Winthrop à Massachusetts Bay obéissaient certes h des inspirations élevées et dignes encore d’un respect éternel. Beaucoup de leurs chefs, Bradford, Winthrop, le capitaine Standish et Roger Williams, entre autres, possédaient des qualités étrangement stimulantes et entraînantes ; mais, en fin de compte, les annales de la Nouvelle-Angleterre coloniale manquent tout aussi tristement de perspective. Les réfugiés de Scrooby et les étudiants de Cambridge qui fuirent la tyrannie de l’archevêque Laud furent d’excellents fondateurs de vaillantes républiques ; mais leur descendant, James Russel Lovvell, était loin d’avoir tort quand il écrivait :

« Le Passé ne nous a pas accordé l’imposition de ses mains vénérables pour nous transmettre cette mystérieuse influence dont la force réside dans sa continuité. Nous sommes à l’Europe ce que l’Église d’Angleterre est à