Page:Trent - Litterature americaine.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

200 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

talisme, maintenant que nous avons examiné le terrain dans lequel il fut semé. Il n’est qu’un point sur lequel toutes les autorités s’accordent, c’est qu’il est absolument interdit aux profanes de comprendre ou de décrire exactement cette évolution.

Il n’y a, par bonheur, que peu de faits auxquels nous devions nous arrêter. Kant avait déjà jeté les bases d’une philosophie d’intuition plus attirante pour les esprits ’ ambitieux que la philosophie sensualiste de Locke ; Jacobi, Fichte, Schelling et Hegel avaient également développé leurs systèmes, dont quelque connaissance était parvenue à un petit nombre de New Englanders. Les écrits de Schleiermaclier s’étaient répandus, et la littérature romantique de l’Allemagne, interprétée par Carlyle, était l’objet d’une avide curiosité. Nous avons déjà constaté la popularité, avant 1830, des poésies de j Wordsworth, qui offrent des éléments de transcendan- ’ talisme ; quoi d’étonnant dès lors que l’on ait accordé un considérable crédit à Coleridge, qui subit plus ou moins l’influence allemande. Une édition des Aids to Beflectioii de ce dernier fut publiée en 1829, alors que l’on pouvait lire les essais de Carlyle dans les numéros de VEdinburgh Review, avant qu’Emerson les eût rassemblés en volume (1838). Il est probable que, dès 1820, les jeunes gens qui recherchaient des émotions plus vives que celles que pouvait leur offrir l’Unitarisme et qui se sentaient peu d’inclination pour les classiques anglais du xviii" siècle, se sont jetés avec avidité sur tout ce qu’ils purent rencontrer de littérature romantique et de philosophie transcendantale. Mais l’Angleterre, et indirectement l’Allemagne, ne furent pas seules à alimenter leurs lectures ; la philosophie éclectique de Cousin fut aussi accueillie à cœur ouvert et, un peu plus tard, le système social de