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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/250

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242 LA PÉRIODE LOCALE (1830-1865)

roman ait été populaire et que sa vogue n’ait décru que lentement, si tant est d’ailleurs qu’elle ait décru.

Les amateurs d’ironie feront bien de s’attarder sur la carrière et la mémoire d’EoGAR Allan Poe (1809-49). Peu d’artistes ont été plus détachés, dans leurs aspirations, des réalités de ce monde tangible ; peu, dans leur vie, ont eu plus à souffrir de ses vicissitudes. Peu d’écrivains ont eu après leur mort une réputation plus rapidement et plus nettement établie ; peu de ceux dont les ouvraoes ont le plus honoré leur pays ont été plus exposés à la malignité, à l’incompréhension ou à la jalousie de la majorité de leurs concitoyens. Depuis sa mort, il a eu une influence plus puissante que n’importe lequel de ses compatriotes sur la littérature du monde, et sa suprématie sur eux est un fait indiscutable pour la critique étrangère. Cette suprématie a été qualihée de « perverse » par les critiques américains animés du courao-e nécessaire pour tenir tête à tout un continent. D’un autre côté, Poe a toujours été l’objet de l’affection et des hommages d’une respectable minorité aux Etat-Unis même ; ses ouvrages ont été de mieux en mieux édités, et sa renommée s’est accrue au point qu’il est à présent possible d’affirmer sa suprématie dans la littérature américaine sans encourir le blâme. Il est évident que l’on ne peut encore attendre de ses concitoyens une critique désintéressée de l’homme et de son œuvre ; mais il doit être possible de tenir un juste milieu entre le culte que lui vouerait un Français et le désaveu qu’en ferait un naturel de la Nouvelle-Angleterre.

Poe naquit naquit le 19 janvier 1809, à Boston ; ses parents jouaient au Fédéral Street Théâtre de cette ville. Par la branche paternelle, il descendait d’une bonne