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LES ANNALISTES AU XVH" SIECLE 23

tant ne nous arrête ; mais en 1649 un certain colonel Henry Norwooil écrivit, pour le compte de son parent William Berkeley, gouverneur de la colonie, une relation de son Voyage to Virginia (U)49). Le style en est net et clair en comparaison de l’inextricable phraséologie des premiers aventuriers.

Les quelques recueils de prose qui suivirent celui de Norwood ollVcnl naturellement un caractère politique. Durant rinterrègne d’Angleterre , période pendant laquelle Berkeley fut privé de son poste, nous n’avons h signaler aucun ouvrage important ; et quand la Restauration le réintégra dans son gouvernement, il n’était pas d’humeur h patronner les lettres. La célèbre réponse aux questions posées en 1670 par les commissaires des Plantations montre bien l’esprit peu libéral avec lequel il avait repris sa charge de gouverneur à la tête d’une colonie qui ne devait son rapide développement qu’à l’expatriation de milliers de royalistes : « Mais, Dieu merci ! il n’y a pas cV écoles libres ni cV imprimeries, et j’espère que nous n’en aurons pas d’ici cent ans ; car l’instruction a apporté la désobéissance, l’hérésie et les dissensions religieuses dans le monde, et l’imprimerie les a répandues en diffamant le meilleur gouvernement. Dieu nous garde de ces maux ! »

Son ignorance et son intolérance, jointes à rimbécillité et à l’iniquité qui caractérisaient la politique de Charles II envers ses sujets, aussi bien en Angleterre qu’en Amérique, mirent bientôt en danger l’administration de Berkeley. Les massacres d’Indiens en 1676 et la présence à la tête des colons d’un chef énergique précipitèrent la crise. Nathaniel Bacon, jeune homme riche qui avait reçu une excellente éducation en Angleterre, se mit en campagne contre les Indiens malgré le gou-