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Page:Trent - Litterature americaine.djvu/72

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64 LA PÉRIODE COLONIALE (1607-1764)

les Indiens offraient de plus séduisants sujets. Un patriotisme croissant, un sentiment vraiment national, se remarque dans la littérature de cette période ; ce patriotisme, joint à un caractère turbulent, déborde dans les poèmes informes et traînants d’auteurs aussi peu cultivés que John Maylem — diplômé d’Harvard qui se surnomme lui-même « Philo-Bellum » — et d’un certain George Cockings.

Tous deux s’inspirèrent de la prise de Louisburg et, en 1760, Cockings publia la première édition de son poème héroïque ayant pour titre IVar. 11 fut assez modeste pour déclarer : « Je ne prétends pas être un poète de premier ordre ; peut-être ne mériterai-je jamais le titre de poète ». Mais, pour excuser ses 190 pages in-octavo de strophes et d’annotations pleines de descriptions militaires, il invoque l’exaltation dont l’emplit le succès de sa mère-patrie et du roi qu il a longtemps révéré en humble et lointain sujet. Cette exaltation mérite bien que nous lui donnions un souvenir aujourd’hui’.

Le patriotisme colonial et l’esprit d’imitation ressortent bien davantage dans le mémorial publié par Harvard en 1762 et intitulé Pietas et Gratnlatio Collegii Cantahri-

1. Cockings a été sévèrement exclu des ranj^s des poètes américains, même par le professeur Tyler et par Griswold, qui semblent souvent avoir procédé à leur recrutement d’après les principes immortalisés par Falstaff ; il mérite de ne pas être oublié, car il est l’un des premiers représentants d’une classe d’écrivains que l’Amérique, à cause de ses conditions démocratiques, a vu naître en plus grand nombre qu’aucun autre pays — écrivains qui se croient nés poètes, poètes qui confondent le cauchemar avec un beau délire, et qui contribuent à former ce que l’on peut appeler la classe des écrivains sub-littéraires. Le nombre de poèmes épiques produits par tous ces braves gens qui se sont trompés sur leur vocation, est surprenant. Citons, entre autres, la Fiedoniad, or Independcncc prcscrved — an Epie Poirn o tlie War of iSll, par un certain Richard Emmons, qui exerçait la médecine et cultivait la poésie dans le Kontucky en 1826, et dédia ce poème, qui débute par un conclave aux enfers, à l’illustre Lafayette.